Projet Kano-Népal

Une fête chassant l’autre, le démon “Cloche-Oreilles” tout juste chassé des villages, et à peine le temps pour les enfants de passer leurs examens de fin de premier trimestre, le Népal a célébré le 6 août dernier la fête de la vache ou Gaï Jatra.

Ici aussi, bien sûr, les enfants n’échappent pas à la règle du contrôle venant tester leurs connaissances. Mais bien plus qu’un petit contrôle, c’est toute une semaine d’examens qui les attendait, du 27 juillet au 4 août, à la manière d’un baccalauréat, et ce quel que soit leur classe, de la maternelle à la 5ème !

Dans la longue liste des festivités qui rythment la vie des népalais, près d’une trentaine, sans compter les fêtes propres à certaines ethnies comme celles, chez les newars, majoritaires dans la vallée de Katmandou, liées aux différentes étapes de la vie (vers 5 mois, première bouchée de riz, à 2 et 4 ans célébration marquée de l’anniversaire, entre 6 et 10 ans mariage des jeunes filles avec le dieu Narayan,…), nous avons assisté le 20 juillet dernier à celle de Ghanta Karna durant laquelle on célèbre la mort du démon “Cloche-Oreilles”, du népali “Ghanta”, cloche, et “Karna”, oreilles.

Nous étions à peine remis de nos dernières émotions qu’un nouveau coup de téléphone nous annonçait la tenue d’une nouvelle compétition pour les enfants. Explosion de joie de nos jeunes judokas à qui une nouvelle chance de médaille est offerte et nouveau casse-tête pour Sindy et moi qui devont procéder à leur sélection et planifier un nouvel entraînement intensif pour les deux petites semaines qui nous séparent du championnat.

La journée des professeurs. Une journée nationale dédiée aux enseignants au cours de laquelle les enfants de l’école leur apportent de petits cadeaux en signe de gratitude. Ça laisse rêveur…
Non seulement il ne s’agit pas pour eux d’une contrainte mais en plus ils vous en parlent plusieurs jours à l’avance avec entrain. Peut être le fait qu’ils n’aient pas cours ce jour là n’y ait pas complètement étranger. Nous attendions donc cette journée avec impatience pour voir de nos propres yeux qu’un tel événement était bien possible. Et il l’est.

Il aura fallu attendre patiemment (une vertu fort sollicitée ici) que tout un tas de conditions favorables soient réunies pour que l’école puisse lancer les travaux destinés à améliorer ses conditions d’accueil, mais cette fois ça y est, le chantier est lancé.
De quoi s’agit-il ?

Ça a commencé avec un coup de fil d’un professeur de judo de Katmandou : “il y a un tournoi inter-écoles en juin, vous viendrez ?” et quelques informations parcellaires et erronées comme celles concernant le public visé : garçons entre 30 et 35 kilos nous dit-on alors.
Nous n’avons qu’un mois pour préparer d’éventuels volontaires. Les enfant viennent à peine de démarrer le judo. Nous avons trois groupes d’une dizaine d’élèves, dont 10 filles ! Nous enseignons tous les jours après les cours, soit 6 jours sur 7. Chaque groupe a cours deux fois par semaine. C’est mince pour les présenter aussi vite à une compétition. Il faut se décider rapidement. Nous tenterons l’aventure !

C’était maintenant il y a un peu plus d’un mois, les enfants de l’école découvraient à leur tour le judo.
Yeux pétillants et regards intrigués sur les paquets qu’on leur a distribués, ils ont déballé avec la joie et la précipitation d’un jour de noël leurs nouveaux kimonos tout neufs.
Première leçon et premiers souvenirs : “how to wear a judo suit” / comment c’est que ça se met ce truc là ? Mes propres souvenirs me reviennent en mémoire, ceux d’il y a une vingtaine d’années lorsque Dominique, mon premier professeur et éternel ami, m’apprenait aussi la façon de s’habiller. Il avait mon âge et j’avais le leur… [sponsorisé par Kleenex]

Petite mésaventure népalaise à l'école, exemple type d'une certain état d'esprit qui règne ici depuis quelques années.
Il y a quelques jours, Sunita, sa directrice, a été démarchée par des représentants de la marque de nouilles Mayos cherchant à promouvoir leurs produits à travers un soi disant concours de jeunes talents. A la clé, des billets d'entrée pour le zoo de Patan pour les enfants participants et une chance pour eux de sortir du cadre de leur village. Avec le succès planétaire des programmes télévisuels partis à la recherche de nouvelles stars et la perspective d’une promenade au jardin zoologique, les enfants ne se sont évidemment pas faits prier pour se lancer dans la préparation de l’une des 4 épreuves au programme : chant, danse, dessin et poésie.

Mercredi, c’était D-Day. D comme débarquement de dentistes.
Le monsieur en charge de la roulette népalaise est arrivé à l'école avec son adjointe un grand sourire en résine à la main. Accueil chaleureux des enfants qui vont pouvoir échapper quelques heures à leurs cours. C'est que le monsieur n'a pas encore commencé à officier.
Première intervention en classe. Préparation mentale. Des "Save your teeth, save your life" résonnent dans les murs de l'école. Ah, ils sont malins ces dentistes. Les élèves agitent gaiement le petit papier qui leur a été distribué pour la visite du lendemain.

Une fois n’est pas coutume, nous publions sur le site un billet touristique pour rendre compte de la petite excursion que nous avons effectuée en compagnie de nos hôtes à Buddha Nilkantha, un important lieu saint du Népal situé à une dizaine de kilomètres au nord de Katmandou, pour profiter du 1er mai férié.

Cette fois ça y est, ou presque. Après une longue attente, nous avons enfin récupéré, vendredi 17 avril, tatamis et kimonos pour démarrer notre activité judo avec les enfants. Presque, car il ne s’agit pour l’instant que de tapis d’emprunt que nous devons à la gentillesse du président de la fédération népalaise de judo, M. Deepak Bajracharya, et qu’il nous manque encore les ceintures. Mais ne boudons pas notre plaisir, nous sommes parvenus à obtenir de beaux kimonos tout neuf à un prix tout à fait raisonnable, 5/6 euros l’unité selon la taille, pour une qualité… made in France ! C’est en effet les bras chargés de judogis Noris-SFJAM que nous sommes rentrés de Katmandou.

Du 24 au 27 chaitra 2065 (du 6 au 9 avril 2009) ont eu lieu les 5èmes jeux nationaux du Népal et le 10ème championnat du Népal de judo.
L'histoire de ces jeux nationaux créés il y a 31 ans, en 1981, a été quelque peu mouvementée puisque la dernière édition date de 1998 et s'était elle même tenue après une pause de 12 ans due à des problèmes politiques.

Alors que nous attendons toujours notre matériel, la vie à l’école suit son cours.
En semaine, Sindy est occupée par ses cours d’anglais tandis que je m’occupe des classes d’informatique et des cours de français que Prem est finalement le seul à suivre. Passés les premiers jours où nous avons pu partager avec les enfants quelques notions de français en raison de l’absence de certains professeurs, nous ne sommes pas allés plus loin, faute de place dans leur emploi du temps. Quant à leur rajouter une nouvelle heure de cours, nous gardons cette option pour le judo.

Un petit compte rendu rapide du stage de judo que nous avons organisé le 14 décembre 2008 pour collecter des fonds.

N'y allons pas par quatre chemins, l'opération a été décevante d'un point de vue financier, la faute à un nombre restreint de participants, 14 au total. Si les membres du club ont su se mobiliser (merci les amis !), peu de judokas extérieurs au club ont fait le déplacement... qu'il lui soit rendu grâce !
Trop tôt (10h, faut pas pousser quand même), conditions météorologiques épouvantables (pluie fine intermittente, dur), on ne fournissait pas les croissants... ? Bref, déduction faite de quelques frais, le bilan financier de cette opération, lié aux seuls frais de participation, s'élève à 93 euros.

Sur le plan de l'intervention, les participants sont sortis plutôt enthousiastes de la séance dirigée par Maître Hagiwara, 6ème dan. Au programme, une progression au sol autour de Hon-gesa-gatame, technique d'immobilisation, et debout, autour des techniques de jambes Ko-uchi-gari et De-ashi-barai. Pour celles et ceux à qui ces mots quelque peu abscons, euphémisme, n'évoquent rien, une petite démonstration en vidéo tirée de la Coupe Kano (compétition internationale réservée à l'élite) qui se déroulait au Japon au même moment (on leur avait demandé de décaler mais bon...) :