Nous étions à peine remis de nos dernières émotions qu’un nouveau coup de téléphone nous annonçait la tenue d’une nouvelle compétition pour les enfants. Explosion de joie de nos jeunes judokas à qui une nouvelle chance de médaille est offerte et nouveau casse-tête pour Sindy et moi qui devont procéder à leur sélection et planifier un nouvel entraînement intensif pour les deux petites semaines qui nous séparent du championnat.La compétition s’adresse aux garçons et aux filles répartis chacun dans seulement six catégories de poids. En ce qui nous concerne, il ne nous est pas possible de présenter de filles car elles sont encore bien trop fragiles et fluettes malgré tout l’enthousiasme et le dynamisme dont elles font preuve lors de nos cours. L’appréhension de la phase combat nous prend beaucoup plus de temps avec elles, davantage habituées à danser ensemble qu’à se projeter mutuellement au tapis.
Pour les garçons, six catégories de poids donc : de –30 Kg à -55 Kg par tranches de 5 Kg, et une contrainte de taille : un seul combattant par catégorie de poids. Heureusement, le plus faible nombre de participants par rapport à la dernière fois nous permettra d’en aligner deux. Une première sélection par le poids nous laisse huit volontaires représentant trois catégories . L’entraînement matinal – début à 7h15 - avant les cours aura raison de Sunil qui met près de 40 minutes à pied pour se rendre à l’école. Pas jouable car il lui faut rentrer chez lui après l’entraînement pour le dhalbat du matin. Nous en sommes vraiment peinés pour lui car il montrait de très bonnes dispositions et une grande application.
Nous repartons donc dans une préparation sérieuse de deux semaines où nous alternons physique, techniques et exercices d’application : Tendoku renshyu, Uchi-komi, Yaku soku geiko, Randoris… Sur les huit combattants de la précédente compétition, six ont rempilé. Ponctualité et assiduité sont de rigueur. Ils n’y feront jamais défaut. On sent cependant chez eux une certaine fatigue qu’ils ne veulent pourtant pas avouer. La dernière compétition a laissé des traces. Les cours de l’après-midi qu’ils suivent deux fois par semaine en plus de ceux du matin leur permettent toutefois de décompresser un peu. Nous les orientons en effet volontairement sur des aspects plus ludiques à travers de nombreux jeux éducatifs.
Vendredi 17 juillet, J-2 : la sélection. Les deux semaines passent à une vitesse éclair. La veille de la pesée nous organisons un petite compétition interne pour sélectionner les deux titulaires de chaque catégorie. Pour objective qu’une telle sélection puisse paraître, elle ne peut refléter qu’imparfaitement leur valeur en compétition face à de nouveaux adversaires. Ils se connaissent en effet déjà très bien et le risque de voir un judoka actif se faire contrer par un copain passif qui ne saurait pas en faire autant au moment du championnat n’est pas mince et, surtout, ce sont les valeurs d’un judo d’attaque, même s’il comporte des risques, que nous souhaitons véhiculer le jour du championnat. Heureusement, ce sont nos combattants les plus actifs qui l’emportent. Ils ont deux jours de repos devant eux.
Samedi 18 juillet, J-1 : la pesée. Cette fois-ci, nous avons été prévenus à temps. Contrepartie de cette “chance”, la pesée a lieu à l’autre bout de Katmandou, au MMAC (Multipurpose Martial Arts Center) où se déroulera la compétition. Si La circulation ce jour chômé (le samedi est ici l’équivalent du dimanche en France) nous permet de l'’atteindre en “seulement” 1h30, le micro-bus est toujours aussi blindé. Nous partons avec six combattants mais au final seuls 5 d’entre eux pourront participer à la compétition du lendemain. Ils se sont en effet retrouvés à trois dans la même catégorie de poids et nous ne pouvons aligner que deux combattants. Ujyol, grand amateur de momos, se retrouve quant à lui, pour 400g de trop, dans la catégorie supérieure des –40Kg. S’il libère ainsi une place à un copain dans la catégorie des –35 Kg, ça devrait être dur pour lui en –40 Kg car il devra affronter très vraisemblablement des judokas plus âgés et plus expérimentés. En même temps, c’est assez bons les momos…
Dimanche 19 juillet, jour J. Sur la feuille d’inscription, rendez-vous était donné aux combattants à 6h30 ! On nous épargnera finalement l’immense plaisir d’avoir à nous lever à 4h30 du matin en rectifiant cette incongruité par un horaire plus clément, 9h00. Pour l’anecdote, on distingue ici l’english time du nepali time, explicite. A défaut de précision, c’est en général nepali time qu’il faut entendre. Une fois encore nous nous faisons avoir en arrivant à l’heure. A nous la joie de la contemplation tranquille du grand gymnase vide.
Les combats commencent enfin vers 11h. Le tirage au sort a été cette fois-ci plus clément puisque nos combattants se trouvent tous dans des tableaux différents. Si combat fratricide il doit y avoir, ce sera donc en finale. Nos judokas ouvrent le bal dans les trois premiers combats de la journée. Nos deux –30 Kg, Sankhar (“Sankor”) et Kiran (“Kirone”), sont expéditifs à grands coups de Morote-seoi-nage longuement répétés pendant les 2 dernières semaines. Sindy et moi sommes aux anges. Quant à “momos” Ujyol, il fera son possible contre le futur gagnant de la catégorie, une ceinture bleue à qui il rend une bonne tête. Il perd au sol mais au vue des combats expéditifs suivants de son adversaire, il n’aura pas démérité. Nos –35 Kg sont eux un ton nettement en-dessous. Bikash (“Bikasse”) ne parvient pas à faire la différence dans son premier combat et s’inclinera aux drapeaux, 2 contre 1. Quasiment aucune attaque de part et d’autre, triste combat qui montre bien l’importance du mental, du psychisme lors de ce genre d’événement. Dans un tableau peu fourni qui lui a fait sauter un tour, il lui suffisait de gagner ce combat pour être assuré de décrocher au moins une médaille de bronze. Cette perspective l’a comme pétrifié. Sur ce contre-exemple, Sandesh (“Sundes”) se montrera plus volontaire et ira décrocher sa médaille de bronze en sortant in extremis d’une immobilisation avant d’immobiliser à son tour son adversaire pour ippon. Nos –30 Kg continuent de faire le spectacle. Après 3 ippons, Sankhar se retrouve en finale. Malheureusement, Kiran s’incline en demi-finale d’un yuko à 10 secondes de la fin sur un énième ramassement de jambes face à un adversaire ceinture orange qui a passé plus de la moitié du combat plié en deux sans qu’aucune pénalité ne tombe. Un timide shido finira par sanctionner son attitude, trop tard. Kiran obtient tout de même sa deuxième médaille de bronze en 2 compétitions. La finale 100 % Lotus Judo Club rêvée n’aura donc pas lieu. En finale, Sankhar domine le vainqueur de Kiran par deux yukos à un, dont un par pénalités. Ce dernier, qui a persisté dans son attitude négative, n’a cette fois-ci pas profité de la clémence des arbitres à qui certaines précisions ont été apportées par le directeur du tournoi après le combat de Kiran. Première médaille d’or pour le Lotus Judo Club !
Nous terminons la journée sur un bilan tout à fait satisfaisant de 3 médailles, dont une en or, sur 5 combattants engagés. Cerise sur le gâteau, l’école a décidé de récompenser les médaillés en leur offrant la gratuité d’un certain nombre de mensualités. Entraide et prospérité mutuelle !
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